Les Marais de la Folie
Le peuple de Morgheim, aux mœurs morbides et décadentes, fut promis à un destin funeste le jour même où, son
chef, Kadon, découvrit le cadavre du roi Alcadizaar de Khemri sur les berges de la Rivière Aveugle.
La dépouille mortelle du roi tenait encore entre ses mains la couronne ensorcelée de Nagash. Attiré par le pouvoir
émanant de la couronne, Kadon s'en saisit et la posa sur son propre chef. Presque à l'instant, l'influence malveillante de l'objet
commença de corrompre l'esprit du jeune chamane. Dès lors, l'intérêt que porta Kadon aux pouvoirs malsains de la
nécromancie devint obsessionnel. Il ordonna à son peuple de bâtir un tombeau somptueux pour Alcadizaar. Aux abords de la
sépulture du roi, une ville s'érigea : Morgheim (ou Mourkain). Les années passant, la cité se développa pour
atteindre la dimension d'un empire, qui, à son apogée, s'étendait des Marais de la Folie jusqu'aux rives du Golfe Noir.
L’expansion rapide de la civilisation de Morgheim provoqua l’exode d’un grand nombre de peaux-vertes qui furent
chassées hors des Terres Arides et repoussées jusque dans les Montagnes du Bord du Monde. Les orques, belliqueux,
n’étaient pas enclins à laisser cette agression impunie. En représailles, les tribus d’orques
s’unifièrent en une grande Waaagh ! qui se mit en branle pour marcher sur Morgheim. Bien que versé dans les arts
nécromantiques, le peuple de Kadon ne put résister à l’assaut effrayant des peaux-vertes. Il fut alors
massacré, et les villes et les villages rasés.
Des milliers d'années plus tard, la guerre est de retour dans les Marais de la Folie. Les nains s'y sont aventurés pour
récolter du Galbaraz, ou Sermandor. Le Sermandor est un des types d'or les plus précieux et les plus rares que les nains
connaissent. Cet or brillant, étincelant, est un des nombreux ingrédients utilisés par les Maîtres Forgerons
de Karaz-a-Karak dans la fabrication de nouvelles armes très puissantes, qui aideront les nains à récupérer
Karak-aux-Huit-Pics. Pour cela, les nains ne doivent pas seulement l'extraire, il faut également le transporter à travers les
dangereux marais jusqu'à la capitale naine. Ce n’est pas une tâche facile, car le marais regorge d'ennemis.
Sous le commandement du brutal Chef de Guerre Hargruk, les guerriers de la horde des orques cherchent à exterminer les nains jusqu'au
dernier. Mais le charismatique et courageux chef nain Burlok Acier Gris se dresse contre eux. C'est un combat désespéré que
mènent Burlok et sa troupe, qui ne peuvent compter que sur un approvisionnement restreint et sur de rares renforts. Acier Gris sait que
tant qu'il tiendra le terrain avec les siens, l'attention des orques sera détournée de la piste, autorisant ainsi les cargaisons
de Sermandor à remonter en sécurité jusqu'au Pic Eternel. Aussi, avec une volonté inflexible, Burlok et ses fiers
guerriers livrent combat jour et nuit, prêts à donner leur vie pour garder braqué sur eux, le regard des orques.
Dans les rangs des auxiliaires d’Acier Gris, se trouve le célèbre chasseur de trésors, Murdogh Kadrikson.
Appâté par la promesse de grandes richesses, l’allègre Kadrikson a entraîné sa troupe de mercenaires, les
« Marteaux de Murdogh » dans les profondeurs du marais. Lorsqu’ils ne mettent pas leurs compétences de soldats au service
de la défense du camp de Burlok, les « Marteaux » ratissent les ruines de Morgheim à la recherche de précieux
artéfacts qu’ils échangent contre de l’or aux savants de la cour impériale. Le sympathique Murdogh a
l’entière confiance de Burlok et de ses nains. Néanmoins, Kadrikson et les « Marteaux » ont la fâcheuse
tendance de prendre des risques inconsidérés quand se présente l’occasion de s’approprier quelque richesse.
Murdogh fait partie de ces individus avides, chez qui l’irrésistible attrait de l’or et la tentation d’accumuler
« toujours plus » de trésors, sont plus forts que la raison.
La détermination de fer des nains à garder le contrôle de la voie de communication, a porté ses fruits. Tant et si
bien que, confiant dans la sûreté de cette dernière, Grolin Bièrebrune, le brasseur renommé, affrète
une importante cargaison de « Réserve de Grolin » (la bière favorite de l’Empereur Karl Franz en personne). Il
lève une compagnie, les « Soiffards de Grolin » pour escorter le chargement pendant son transit vers Barak Varr
d’où il serait acheminé par bateau jusqu’à Altdorf. Au cours du voyage à travers les marécages,
les « Soiffards » tombent dans un guet-apens tendu par une bande d’orques mais ils sortent vainqueurs de
l’échauffourée. Pour fêter l’événement, Grolin ouvre de ses propres mains un de ses inestimables
tonneaux de bière que les nains ont tôt fait de vider. Mis en confiance, tant par leur victoire sur leurs agresseurs que par les
effets du breuvage absorbé, ils entreprennent de se mettre en chasse de quelques peaux-vertes supplémentaires.
Malheureusement, dans leur excès d’enthousiasme, les nains grisés ne laissent que deux de leurs brigades pour assurer la
garde du convoi. Quand les membres de l’expédition punitive s’en reviennent, c'est pour trouver les précieux tonneaux
éventrés, la caravane détruite et pire encore, leurs compagnons massacrés. Rendus fous de rage par ce coup du sort,
ils font alors le serment solennel de tuer un millier de peaux-vertes pour étancher leur soif de vengeance. Ils montent leur campement
près des restes de leur convoi et patrouillent les alentours, attentifs aux moindres traces d’orques ou de gobelins.Sans le savoir,
les nains de Grolin ont établi leur camp proche d’un lieu
particulièrement épouvantable appelé « L’Arbre des Barbes Pendues ». A chaque branche de cet arbre tordu,
couleur de cendres, se balancent des cages contenant les squelettes de nains autrefois capturés. Le sol, au-dessous de ces prisons, est
tapissé d’une épaisse toison putride, constituée des attributs pileux de centaines de générations de
nains dont la barbe a été ignominieusement « scalpée ».
Le conflit entre les nains et les
peaux-vertes s’est étendu aux quatre coins des Marais de la Folie, mais il existe un endroit qu’aucun des deux camps
n’a encore investi. S’élevant au-dessus d’un brouillard dense et perpétuel, la silhouette d’une tour,
noire comme le jais, jaillit de la terre fangeuse. Cette construction menaçante, exsude le mal à l’état pur. Parmi
la multitude de créatures qui hantent ces marécages, rares sont celles qui osent s’en approcher. C’est pourquoi la
tour noire génère autour d’elle un singulier halo de silence qui la protège de la cacophonie ambiante due au
coassement des batraciens et au bourdonnement des insectes. Les rumeurs abondent sur la nature des êtres qui demeurent dans
l’enceinte de cet inquiétant édifice. Ceux qui se sont aventurés à l’intérieur n’en sont
jamais revenus.
Engagés dans un âpre combat, les nains et les peaux-vertes ne se doutent pas qu’un nouveau danger prend forme au cœur
des miasmes lugubres des marais. L’Age du Jugement est proche et le souffle du Chaos redouble de force tandis que les puissances des
ténèbres complotent pour anéantir la race des hommes, des nains et des hauts elfes. Attisée par l’essor des
forces maléfiques, une terrible et sinistre conscience émerge des limbes. Mû par le désir impérieux de
récupérer son ancienne couronne et le pouvoir qu’elle procure, l’esprit de Kadon, Empereur de Morgheim, revient
tourmenter le monde. Depuis les décombres de son ancestrale cité au cœur des Terres Arides voisines, le spectre diabolique
encourage son peuple à se relever et à prendre sa revanche sur les vivants. Si les serviteurs de Kadon réussissent
à prendre le contrôle des marécages, alors, l’espoir que nourrissent les nains de repousser la horde des peaux-vertes
se perdra dans les eaux saumâtres des Marais de la Folie.